L'argent de poche des jeunes
Les jeunes et l'argent de poche est un sujet que nous connaissons bien chez Supper pour avoir mené plusieurs études et missions. Entre 8 et 14 ans, un enfant sur deux déclare recevoir de l’argent de poche, et ils sont bien plus nombreux après. Nos travaux ont montré à quel point ce que nous appelons "argent de poche" est un argent flou, polysémique, très dépendant des familles. C'est aussi un outil de socialisation important pour les enfants comme les parents.
Trois chercheuses en sociologie viennent de compléter nos enseignements en réalisant une enquête exploratoire auprès de jeunes âgés de 10 à 19 ans et 21 de leurs parents, issus de milieux socioéconomiques variés. Leurs résultats mettent en lumière deux grands types d’objectifs éducatifs, convoqués par les parents pour justifier le versement d'argent de poche : d’un côté, la transmission de la « valeur de l’argent » et notamment de la pratique de l’épargne ; de l’autre, l’instillation du goût de l’effort et de l’idée que tout argent se mérite, par la récompense de bons résultats scolaires ou la rémunération de petits travaux domestiques.
Les jeunes et les parents s'accordent aussi sur le fait que cet argent doit être dédié aux dépenses non nécessaires. Mangas, confiseries, loisirs... Mais c'est aussi un espace de liberté, voire de transgression, que chacun entretient à sa manière : les jeunes, en se montrant très discrets sur leurs dépenses, et les parents, en fermant les yeux sur le devenir parfois discutable de ces sommes jugées modiques.
"Ce sont ses sous, il en fait ce qu'il en veut"
Les Français et le sommeil
Combien de temps consacre-t-on au sommeil ? Quels individus y allouent le plus de temps ? Si le sommeil est un besoin physiologique qui varie avec l’âge ou l’état de santé, il n’est pas uniquement déterminé par des nécessités biologiques.
Capucine Rauch révèle comment des facteurs sociaux, familiaux, et professionnels influencent notre temps de repos. C'est sans doute surprenant, mais il existe effectivement des variations sociales du sommeil.
Ainsi, si le temps de sommeil reste stable en France (8h40) , c'est l'heure du coucher qui évolue, pour être de plus en plus tardif. Tandis qu’en 1985 et 1998 plus d’un quart des individus sont déjà couchés à 22h10, il faut attendre 22h30 pour atteindre ce quart en 2009. À 23h, 60 % des individus sont couchés en 1985, c’est 50 % en 1998 et 40 % en 2009. De même, en 2009, il faut attendre minuit pour avoir les trois quarts de la population au lit, contre 23h30 en 1998 et 23h15 en 1985. Le glissement de l'heure du sommeil est bien identifié, comme ceux des programmes télévisés.
Les femmes et les cadres sont les plus touchés dans ces variations de sommeil : les mères voient leur sommeil réduit de 25 minutes par la présence d'un enfant de moins de 2 ans, tandis que les cadres dorment environ 20 à 30 minutes de moins que les autres professions.
Une étude passionnante sur les différences de sommeil liées à nos vies bien remplies, où il n'est pas bon d'être femme et cadre...
Les variations du temps de sommeil
Regard sur le déclin de la "petite bourgeoisie culturelle"
À partir des années 70, une frange de la population s'est vue au coeur de la société : la "petite bourgeoisie culturelle", qui plaçait la culture, l’émancipation par la connaissance et la démocratisation du savoir au centre de ses préoccupations. Celle-ci avait ainsi basé son ascension sociale sur l'acquisition du capital culturel plutôt que sur l'accumulation de richesses économiques. Des années 1960 aux années 1980, cette "petite bourgeoisie culturelle" a émergé grâce à des politiques éducatives et culturelles favorables, composée de diverses professions liées à l'éducation, à la culture et au social. On les retrouve dans l'Éducation Nationale, les administrations, les hôpitaux et les professionnels de santé, les artistes et les professions de la culture... Elle est intimement associée au socialisme municipal et à la prédominance du Parti socialiste.
Mais cette frange, qui dessinait une certaine philosophie et imaginaire de la France, est en plein déclin. Le récent ouvrage "Raisons d'agir", du sociologue Élie Guéraut, propose une enquête approfondie sur le déclin progressif de cette population, souvent bien implantée dans les villes moyennes et urbaines.
Cette "petite bourgeoisie culturelle" fait effectivement face à des perturbations dues au désengagement de l'État et aux métamorphoses de l'État social, aux défaites politiques de la gauche et à la réduction de l'importance de la culture savante au sein des classes supérieures. Cela a engendré un sentiment de déclassement parmi ses membres, et une distance grandissante avec les classes populaires plus diversifiées, accusées de certaines déviances (drogue, mal propreté...) et d'opinions xénophobes. C'est une photographie éclairante de la "France d'avant", en contraste avec "La France d'après" décrite récemment par Jérôme Fourquet.
Le déclin de la petite bourgeoisie culturelle
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