1/ La France n'a plus le feu sacré
Plus de dix ans après, l'INSEE publie sa deuxième enquête « Trajectoires et Origines », qui porte notamment sur les croyances des 18-59 ans, "des générations sans grand passé religieux ou issues de l’immigration, disponibles pour de profondes réorganisations".
Les résultats de l'enquête de cette année montrent deux grands phénomènes.
D'abord, une forme de déreligion en cours en France. À
53%, les "sans religion" sont en effet désormais majoritaires en France (+8 points en 15 ans). Alors que le
"paysage religieux français" n’avait
"guère bougé depuis le XVIIe siècle", seuls 25% des Français se définissent aujourd’hui comme catholiques, presque 2 fois moins qu’il y a 15 ans (43%). Un phénomène qui suit une pente depuis de nombreuses années.
Dans le même temps, d'autres religions progressent.
Les musulmans passent de 8 à 11% de la population française, moins par conversions que par "
reproduction de l'identité et de la ferveur à l’intérieur du monde musulman", et
les autres chrétiens, surtout des protestants évangéliques (9% de la population vs 2,5% il y a 15 ans). Ceci dans une tendance de
renforcement identitaire, pour l’islam (91% des enfants de musulmans se disent musulmans vs 67% chez les catholiques) comme pour le judaïsme devenu
"à bien des égards la religion la plus identitaire de France".
Les Français et la religion
2/ La ruralité conquiert les esprits
BVA, Kantar et la régie de la presse quotidienne régionale 366 brossent le portrait de la France depuis quelques années dans leur étude « Françaises, Français, etc. ». Cette étude est réalisée tous les deux ans pour faire le point sur l’état de la France et révèle des tendances expliquées, décryptées et illustrées par une méthodologie hybride (planning stratégique, big data, étude qualitative...).
Au-delà des chiffres et des statistiques,
cette 6e édition confirme que la ruralité et le mode de vie des villes moyennes exercent une fascination sans précédent. Bien que cela ne se traduise pas encore par un exode urbain massif, le transfert de désir se fait dans les pensées et les imaginaires. Les citadins en quête d'une vie plus paisible et authentique se laissent séduire par l'attrait de la ruralité, tandis que les villes moyennes attirent par leur dynamisme et leurs perspectives de développement. Un véritable renversement des valeurs se produit sous nos yeux, avec
la ruralité qui devient le symbole d'un idéal de vie.
Bien que les mouvements de population restent discrets à l'échelle nationale, ils ont des conséquences bien réelles dans les territoires qui les accueillent. Des dizaines de ménages qui quittent les grandes métropoles peuvent sembler insignifiants, mais ils ont un impact significatif sur les régions d'accueil.
Ces "petits flux" se dirigent principalement vers les villes moyennes, les communes périurbaines et les espaces ruraux, attirant des populations aux profils variés. Parmi eux, on retrouve des télétravailleurs en bi-résidence, des personnes en reconversion, des retraités et des individus en quête d'un mode de vie alternatif. Ces arrivées modérées contribuent à dynamiser les territoires et à revitaliser les communautés locales.
La ruralité s'impose comme un phénomène majeur dans l'imaginaire collectif français. Bien que l'exode urbain massif ne soit pas encore une réalité, le désir de vivre une vie plus proche de la nature et des communautés locales se manifeste de manière subtile mais tangible.
Tendance : l'icône de la ruralité
3/ La France en surpoids
L’obésité s’est installée dans notre société de façon relativement invisible, le Covid 19 ayant fait oublier ce mal qui est un phénomène structurel au niveau mondial.
En 2016, près de 2 milliards d'adultes (39%) étaient en surpoids et, sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses, soit 13% de la population mondiale.
La situation de la France reste plus rassurante en matière de surcharge pondérale que celle de certains de ses voisins, mais n'en demeure pas moins préoccupante : un adulte sur deux est en surpoids, et 17% sont obèses, ce qui est à peu près stable sur la période récente, mais en augmentation depuis vingt ans. Ces chiffres globaux dissimulent une grande hétérogénéité sociale et géographique, et qui s'accroît.
Imaginer une société où la majorité des individus sont en surpoids ou obèses devient de plus en plus réaliste, et cela affecte profondément les représentations sociales, les habitudes de consommation, la santé publique et les politiques gouvernementales. La normalisation de l'obésité aurait des répercussions considérables, tant sur le plan individuel que collectif. La société serait confrontée à des défis majeurs, allant de la gestion des coûts de santé exorbitants à la promotion d'un mode de vie sain en passant par la lutte contre la discrimination et la stigmatisation.
Le rapport du Sénat sur l'obésité est un document essentiel qui dresse un état des lieux complet et éclairé sur cette problématique.
Raport du Sénat sur l'obésité en France