Les fêtes approchent à grand pas, alors que ce soit pour offrir à un proche ou les lire vous-mêmes au coin du feu pendant les vacances, nous vous conseillons trois livres sur les enjeux de demain : la vie en entreprise, une politique de l’innovation ou la nécessité de ralentir économiquement. De quoi prendre un peu de hauteur pour la nouvelle année ou animer les débats aux dîners de famille !
Pour que l’entreprise continue à nous faire rêver
Laurent Kollen et Guillaume Villaros ont écrit ensemble ce livre traversé de réflexions sur le travail au quotidien et la perception que nous en avons dans toute son ambivalence. Source d’épanouissement ou de stress, contrairement à l’adage répandu il n’est pas une « valeur » mais « un simple chemin
qui nous mène quelque part ».
Le numérique, la mondialisation et une certaine pandémie ont changé des modèles économiques que l’on croyait pourtant immuables. L’ouvrage explore toutes les nouvelles problématiques que l’on peut rencontrer en entreprise aujourd’hui et qu’elle se doit de prendre en compte si elle souhaite continuer à faire rêver : le télétravail, la motivation, le recrutement, l’intégration de la jeunesse, l’autorité, l’automatisation, la sécurité psychologique, la place de la culture… “Il faudra donc davantage travailler à nourrir l’engagement personnel du salarié pour sa compagnie plutôt que de demeurer sur la seule promesse de vie sociale d’avant. Il faudra convaincre, enrôler le salarié et non plus seulement le contraindre à augmenter son temps de présence. Le salarié sera plus individuel, plus libre et donc plus volage”. La flexibilité l’emportera sur le temps long et les dirigeants devront se transformer eux aussi pour ne pas appliquer leur logiciel du XXème siècle au présent. C’est pourquoi les auteurs ont rassemblé ces chroniques illustrées afin d’inspirer les managers et remettre l’humanisme au cœur de leur entreprise.
Marie Curie habite dans le Morbihan
Xavier Jaravel est un professeur d’économie enseignant à la London School of Economics, lauréat du prix Philip-Leverhulme et du meilleur jeune économiste décerné par Le Monde et le Cercle des économistes. Dans cet ouvrage, il explique pourquoi et comment renouveler notre logiciel de politique d’innovation favorisant les inégalités et revoir nos priorités afin que l’innovation soit véritablement au service de tous.
Quand des employés risquent de perdre leur travail dans le sillage de l’automatisation alors que d’autres deviennent millionnaires en levant des fonds pour une start-up, l’on pourrait croire que l’urgence serait de taxer les riches et les robots pour instaurer un revenu universel, mais ce serait manquer des angles morts qui constituent pourtant les sources profondes de ces inégalités : les rendements d’échelle du marché à élargir, le déclassement éducatif à refonder, une sociologie des acteurs de l’innovation trop restreinte et élitiste. Autant de leviers sur lesquels agir à la racine pour réformer les politiques d’innovation collective et sortir de ce mythe du « ruissellement » : “les entrepreneurs jouent un rôle important, mais l’innovation est affaire de réseaux et d’itérations entre tous les acteurs. C’est ce que montrent les statistiques de productivité, qui évoluent de manière lente et continue et non pas par à-coups, comme cela devrait être le cas si la productivité bondissait après des moments créatifs révolutionnaires”.
Ralentir ou périr
Présentée comme un antidote à la crise, une nouvelle divinité, la croissance même si elle se pare de vert ne peut pourtant pas être infinie dans un monde fini. Le 6ème rapport du GIEC souligne que la « décroissance va au-delà de la critique de la croissance économique, elle explore l’intersection entre la soutenabilité environnementale, la justice sociale et le bien-être », il faudrait comprendre ce qu’elle implique réellement plutôt que de la placer comme le pendant injurieux de ce qui fait prospérer.
Timothée Parrique, chercheur en économie écologique, déconstruit la mythologie du progrès dans cet essai accessible à tous afin de changer de modèle et se rendre vers la « post-croissance ». “Le problème n’est pas l’existence même de l’économie mais bien les règles que nous lui donnons aujourd’hui, ainsi que l’objectif central qui l’anime : la croissance.” Un terme vague pour lequel nous n’avons pas d’indicateur si ce n’est celui aléatoire et socialement construit qu’est le PIB ne sachant prédire ou résoudre tout ce qui n’est pas marchandisé, c’est-à-dire les crises et l’urgence climatique. Pour lui, il ne s’agit que la partie émergée de l’iceberg au sein de l’économie de la nature, il lui préfère le terme d’agitation. Rappelant les propos du premier théoricien de la croissance, Simon Kuznets : « L’objectif d’augmenter la croissance devrait spécifier la nature et la finalité de cette croissance » qui serait donc aujourd’hui de réajuster la taille de l’économie à la capacité de charge des écosystèmes, Timothée Parrique nous en offre un panorama dans son livre.
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